En République Démocratique du Congo la défécation à l’air libre constitue un réel problème de santé publique. Selon les données de l’Enquête par Grappes à Indicateurs Multiples MICS de 2017-2018 publiées dans la feuille de route pour l’éradication de la défécation à l’air libre, le pourcentage de la population pratiquant la défécation à l’air libre est estimé à 12% au niveau national avec une disparité entre le milieu urbain (4%) et le milieu rural (18%).
L’analyse des données des taux de défécation à l’air libre selon les provinces renseigne un taux très varié.
Dans la Province de Kinshasa le taux est faible, soit 0,4%, et dans les autres provinces le taux varie entre 0,8% et 41%.
La Défécation à l’Air Libre impacte sur la santé, la nutrition, l’éducation, la sécurité, la dignité et l’économie d’une personne. Elle peut laisser des effets permanents et irréversibles sur les enfants vivant dans les communautés qui pratiquent la défécation à l’aire libre tel qu’un retard de la croissance, une réduction de capacité intellectuelle ainsi qu’une faible morbidité chez les adultes.
Les données MICS renseignent que 14% des enfants de moins de 5 ans souffrent des maladies diarrhéiques et 3,4% des infections respiratoires aigües (IRA) qui sont les deux causes principales de la mortalité infantile, estimée à 70%. En plus, l’épidémie de choléra qui affecte environ 30 000 personnes par an est la plus grave de l’Afrique et du monde. La cause de ces problèmes est directement liée à une mauvaise pratique d’hygiène et d’assainissement, surtout causé par la défécation à l’air libre.
Selon les scientifiques les selles humaines sont des matières les plus contaminantes car 50 à 80 % contiennent des bactéries dont la majorité sont encore vivantes. La défécation à l’air libre les propage alors dans tout l’environnement d’une communauté. En milieu urbain, ils estiment à plus de la moitié les ménages qui utilisent des latrines hygiéniques, à presque deux tiers les ménages des zones rurales qui ont des latrines non hygiéniques. Pour éviter la contamination fécale, une bonne utilisation d’une latrine est recommandée.
En comprenant les effets nocifs de la défécation à l’air libre, la RDC a souscrit à plusieurs engagements internationaux en matière d’assainissement. Les dits engagements demandent au Gouvernement de développer les politiques et les stratégies priorisant au plus haut niveau la problématique liée à l’assainissement et spécifiquement à la défécation à l’air libre.
Patrick Kahondwa