Selon des scientifiques, la découverte d’un gène résistant au virus responsable de la maladie dévastatrice qu’est la mosaïque du manioc pourrait contribuer au développement de variétés de manioc plus résistantes et renforcer la sécurité alimentaire en Afrique subsaharienne.
En Afrique subsaharienne, la culture du manioc est limitée par les mauvaises herbes et les maladies virales, en particulier la mosaïque du manioc, causée par un groupe de virus appelés géminivirus.
La mosaïque du manioc est responsable de la perte de plus de 80 % des cultures de manioc, un aliment de base pour plus de 800 millions de personnes en Afrique subsaharienne.
Les chercheurs disent que ce sont les agriculteurs d’Afrique de l’Ouest qui ont remarqué que si la majorité de leurs plants de manioc dans les champs mourait à cause de l’infection virale, quelques plants survivaient.
« Comprendre les ressources génétiques qui induisent la résistance aux géminivirus est donc important pour garantir les rendements des producteurs de manioc », déclare Wilhelm Gruissem, l’un des chercheurs qui ont documenté l’étude dans la revue Nature Communications en juillet 2022.
Wilhelm Gruissem, professeur de biotechnologie végétale à l’ETH de Zurich (Suisse) confie à SciDev.Net que la mosaïque du manioc entraîne d’importantes pertes de rendement en Afrique subsaharienne et se propage en Inde et dans d’autres régions ou en Asie du Sud-Est.
Lignées prometteuses
Titus Alicai, co-auteur de l’étude et phytovirologue au National Crops Resources Research Institute en Ouganda, déclare que cette découverte signifie que le gouvernement peut développer et financer des stratégies pour lutter contre la maladie.
« Avec ces résultats, des marqueurs génétiques étroitement liés à la résistance à la mosaïque du manioc peuvent maintenant être développés », a-t-il déclaré dans un entretien avec SciDev.Net.
« Cela rendra plus précise, efficace et opportune la sélection de lignées prometteuses lors du développement de nouvelles variétés de manioc en permettant le criblage basé sur l’ADN de grandes populations en quelques mois plutôt qu’une année entière à chaque étape », explique le chercheur.
Ce dernier ajoute que la sélection conventionnelle de nouvelles variétés de manioc prend généralement huit à dix ans.
Titus Alicai affirme que cette découverte peut être utilisée par les décideurs politiques pour développer ou améliorer des plans d’action en vue du contrôle d’autres maladies virales qui ravagent le manioc en Afrique.
Il pense également que cette étude pourrait déclencher des découvertes similaires essentielles pour contrôler les virus apparentés qui affectent d’autres cultures.
« Nos résultats fournissent des preuves qui peuvent éclairer les décisions des décideurs politiques pour un soutien financier accru à la science, à la technologie et aux innovations pour la gestion de la santé des végétaux », dit-il.
Alfred Dixon, spécialiste du manioc à l’Institut international d’agriculture tropicale du Nigéria, est du même avis. Il dit que 12 à 82 % du manioc est perdu à cause de la mosaïque du manioc.
« C’est une excellente étude qui renforcera davantage la résilience du système semencier du manioc », a-t-il déclaré.
« Ne rien faire signifierait que les moyens de subsistance de 800 millions de personnes sont en danger et pourraient être compromis », soutient Titus Alicai.
« L’accès aux variétés résistantes aux maladies de la mosaïque de manioc conduirait en revanche à plus de rendements et de revenus dans la poche des agriculteurs », fait-il remarquer.
Pour sa part, Solomon Otu, phytogénéticien au West Africa Center for Crop Improvement de l’Université du Ghana, affirme que les résultats de cette recherche pourraient contribuer à renforcer le marché mondial de l’amidon de manioc et à renforcer la sécurité alimentaire de millions de personnes.
Par Scidev.net
La science trouve une solution pour vaincre la mosaïque du manioc