En République Démocratique du Congo, de nombreuses femmes meurent de suite des complications liées à la grossesse. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, ces complications coûtent la vie à quatre femmes par heure au pays. Ces complications au cours de la grossesse ou au cours de l’accouchement sont l’une des principales causes de décès chez les femmes dans la plus part des pays en développement.
« Les femmes décèdent de suite des complications survenues pendant ou après l’accouchement. La plupart de ces complications apparaissent au cours de la grossesse et pourraient être évitées et traitées. D’autres qui existaient auparavant, s’aggravent à ce moment-là surtout si elles ne sont pas prises en compte dans le cadre des soins » affirme Dr De Joseph KAKISINGI Médecin Directeur du centre hospitalier saint Vincent dans la ville de Bukavu.
Dr Jean Paul MAKAYI médecin en charge du programme de santé reproductive pour le bureau UNPA à Goma soutient pour sa part que l’hémorragie est la cause principale de la mortalité maternelle.
« L’hémorragie apparait comme la première cause de décès maternels. En RDC l’hémorragie continue de rester également la cause principale. C’est vrai il y a des causes directes et indirectes, mais l’hémorragie continue de rester la cause principale des décès maternels »
Et au Dr De Joseph d’ajouter qu’une hémorragie sévère après la naissance de l’enfant peut tuer une femme en bonne santé en deux heures seulement si elle ne bénéficie d’aucune assistance.
Parmi d’autres causes de la mortalité maternelle les experts citent également les infections habituellement après accouchement, l’hypertension durant la grossesse, l’avortement pratiqué dans des mauvaises conditions de sécurité, des maladies comme le paludisme et le VIH durant la grossesse…
Les autres facteurs de risque sont la pauvreté, la distance entre la maison et l’hôpital, le manque d’informations, les hôpitaux mal équipés, des personnels mal formés, les pratiques culturelles…
Risques élevés pour les grossesses précoces et tardives
« Il y a des périodes pour lesquelles les risques deviennent très élevés. Lorsque nous disons une grossesse précoce, il vaudrait mieux pour nous qu’une femme ne mette au monde avant l’âge de 18 ans. Mais aussi pour ce qui est de la grossesse tardive, déjà il faut éviter que la femme tombe enceinte aux alentours de 35 ou 36 ans. Il y en a qui vont à quarante ans déjà. Nous ne disons pas qu’il faut arrêter de mettre au monde mais faite attention lorsque vous êtes dans cette intervalle ou au-delà parce que les risques des décès maternels deviennent plus élevé » fait savoir Dr Jean Paul.
Il ajoute par ailleurs que pour ce qui est de l’accouchement par césarienne, la femme doit être suivie par un gynécologue pour savoir dans quelles conditions reprendre la conception.
« Comme la moyenne l’indique nous recommandons généralement un intervalle inter génésique de deux ans. Il y a certaines documentations qui conseillent d’aller jusqu’à deux ans et demi mais en moyenne nous retenons deux ans. En cas de césarienne nous gardons toujours le même intervalle mais nous insistons sur le fait qu’à partir du moment où la femme a subit une césarienne, il faut qu’elle soit bien suivie par son gynécologue qui peut apprécier les circonstances et les conditions dans lesquelles la femme peut reprendre une activité qui lui permet de concevoir et de porter une grossesse à terme. »
Mortalité maternelle une menace pour les nouveau-nés ?
Selon l’OMS la mortalité maternelle est le décès d’une femme survenu au cours de la grossesse ou dans un délai de 42 jours après l’accouchement pour une cause quelconque, déterminée ou aggravée par la grossesse ou les soins qu’elle a motivés. Pour les scientifiques cette notion est différente de celle de la mortalité infantile mais les deux peuvent être liées.
« Certaines documentations disent que lorsqu’on perd la mère, il y a des fortes chances qu’on puisse perdre aussi l’enfant. Tout simplement parce que l’enfant vient au monde et il est lié à sa mère. Et lorsque la maman n’est pas là, il faut trouver une nourrisse pour le nouveau-né ce qui n’est pas toujours évident » explique Dr Jean Paul
Selon d’autres documentations l’enfant issu d’une mère décédée a souvent du mal à bénéficier d’un encadrement qui lui permet de grandir comme il le faut car Il ne respectera pas le calendrier vaccinal, et n’aura pas accès à l’allaitement maternel exclusif.
Sachez que, pour la majeure partie, les décès maternels sont évitables car les solutions médicales permettant de les prévenir ou de prendre en charge les complications sont connues.
Par Patrick KAHONDWA