Des scientifiques exhortent les décideurs du monde entier à soutenir davantage la découverte d’espèces y compris les activités d’exploitation en eaux profondes. Dans une nouvelle note d’orientation présentée à Montréal à l’occasion de la 15ème Conférence des Parties sur la diversité biologique, ils demandent le soutien aux nouvelles recherches nécessaires de toute urgence pour combler un manque critique de connaissances.
Selon cette note les écosystèmes des grands fonds marins forment le plus vaste domaine de la planète et abritent un grand nombre d’espèces, mais restent les moins explorés.
« La plupart des espèces d’eaux profondes 90% des espèces présentes dans les océans ne sont pas encore découvertes ou n’ont pas de nom. Pourtant La mer profonde et sa biodiversité unique et riche jouent un rôle clé dans les services éco systémiques, tels que l’approvisionnement alimentaire ou la régulation du climat mondial en absorbant la chaleur et en séquestrant le dioxyde de carbone de l’atmosphère » peut-on lire dans la note.
Par ailleurs les scientifiques soulignent que les impacts anthropiques qui affectent de plus en plus les écosystèmes des grands fonds et leurs espèces pourront faire disparaitre certaines espèces avant d’être découvertes
« Les changements environnementaux accélérés menacent de plus en plus les zones côtières ainsi que les écosystèmes des grands fonds et les espèces qui y vivent. Les espèces d’eaux profondes sont exposées à la pollution, à l’acidification des océans due à l’augmentation des émissions de dioxyde de carbone, à la destruction de l’habitat due à l’extraction de pétrole et de gaz, à la pêche et potentiellement à l’exploitation minière des fonds marins » affirment-ils.
En outre, les scientifiques parlent du réchauffement climatique, de la désoxygénation des océans et de l’augmentation de la mobilité humaine qui augmentent le risque d’invasion par des espèces non indigènes, même en haute mer, ce qui pourrait entraîner des changements spectaculaires dans la biodiversité des grands fonds.
Face à ce danger, ils proposent aux décideurs de donner la priorité à la conservation des écosystèmes des grands fonds et de leurs espèces pour préserver la santé des océans, de développer, approuver et financer des stratégies, des infrastructures et des collaborations internationales pour améliorer les informations sur les espèces d’eau profonde et d’adapter et mettre en œuvre des plans de gestion de la conservation pour les eaux profondes afin d’utiliser les meilleures données disponibles pour la biodiversité, tout en favorisant la découverte et la dénomination de nouvelles espèces.
Ils les appellent également à reconnaître l’importance et la valeur de toutes les espèces d’eaux profondes, à garantir leur prise en compte dans les objectifs visant à enrayer la perte de biodiversité mondiale et à donner la priorité à la conservation des eaux profondes.
« Une gestion et une conservation efficaces des grands fonds profiteront à la santé mondiale des océans en empêchant la perte de centaines de milliers d’espèces précieuses et étonnantes, avant qu’elles ne soient conduites à l’extinction en conséquence directe de l’activité de notre propre espèce » ajoutent-ils.
Pour rappel à l’occasion du One Ocean Summit, l’UNESCO a annoncé qu’au moins 80% des fonds marins seront cartographiés d’ici 2030, contre 20% actuellement, avec l’appui de ses Etats membres et du secteur privé.
Par Patrick KAHONDWA