Dakar a abrité le 10 Décembre 2022 le forum sur la vaccination et l’éradication de la poliomyélite en Afrique. Ce forum fait suite à la déclaration d’Addis-Abeba en 2017 pour la vaccination. Il a remis sur la table deux thématiques d’actualités dont la vaccination de façon globale et l’éradication de la poliomyélite en Afrique en particulier. Pour la présidente du comité scientifique de ce forum Anta Tal Dia, il n’est plus permis de douter de l’efficacité et de l’efficience de la vaccination en matière de prévention des maladies car elle a permis de lutter et de contrôler les épidémies les plus redoutables.
« La vaccination contribue de manière significative au recul de la mortalité et de la morbidité liée aux maladies évitables par la vaccination. Les données de l’Unicef et de l’OMS en Afrique montrent une baisse alarmante du nombre d’enfants vaccinés et protégés. Et cette situation a été favorisée, facilitée et aggravée par la survenue de la pandémie de la Covid19. Il nous faut donc agir avec célérité pour l’accès de tous à la vaccination et aux vaccins. La vaccination c’est l’intervention clé pour l’éradication de la poliomyélite. Dans ce monde interconnecté aucun pays n’est à l’abri tant qu’il y a un cas de poliovirus quelque part dans le monde. C’est le temps de l’action au tour de l’engagement collectif pour l’éradication de la poliomyélite »explique Anta Tal Dia.
Appui des partenaires
Selon l’Unicef, aujourd’hui environ un enfant africain sur cinq n’a pas accès aux vaccins vitaux. Sur les 20 pays comptant le plus grand nombre d’enfants dits « Zéro dose » qui manquent tous les vaccins essentiels, 10 se trouvent en Afrique. « Aujourd’hui, je réaffirme l’engagement indéfectible de nos équipes dans 51 pays africains, à travailler main dans la main avec les responsables de la santé, les autorités au niveau sous-national et les communautés. Ensemble, nous pouvons rattraper, récupérer et renforcer les programmes nationaux de vaccination à travers le continent. Nous aiderons les gouvernements à surmonter les obstacles persistants à la vaccination, en particulier dans les communautés les plus pauvres et les plus marginalisées » affirme Catherine Russel Directrice exécutive de l’Unicef
Depuis 2000, plus de 407 millions d’enfants ont été vaccinés grâce aux vaccins essentiels avec le soutien de GAVI dans 40 pays partenaires en Afrique et plus de 9,9 millions de décès potentiels ont ainsi pu être évités souligne Dr Seth Berkley Directeur général de GAVI.
« Nous sommes fiers des progrès accomplis, mais il reste encore beaucoup de travail à faire et beaucoup de chemin à parcourir. Les derniers 10% d’enfants laissés pour compte par les vaccins essentiels, appelés enfants zéro dose, représentent 50% de la mortalité des enfants de moins de 5 ans. Nous devons redoubler d’efforts afin de toucher les communautés cibles à travers des activités de vaccination contre la polio intégrées aux vaccins essentiels et aux services de base qui répondent aux besoins des populations »fait savoir Dr Seth.
Investir dans l’innovation
Dr Ahmed Ogwell Ouma est Acting Director à Africa CDC. Pour lui pour que chaque enfant ait accès à la vaccination en Afrique il faut agir différemment. Pour cela le continent doit investir dans l’innovation.
« Parfois nous parlons des produits tels que les vaccins importants pour éliminer la polio mais la propriété intellectuelle de ces produits est entre les mains d’autres personnes, d’autres pays, d’autres continents. Alors nous devons investir dans la recherche et le développement de sorte que les produits dont nous avons besoin nous appartiennent pour lutter contre les épidémies et les urgences sur le continent ».
Dr Richard Hatchett Directeur général de la coalition pour l’innovation et la préparation aux épidémies pense pour sa part que pour contribuer au renforcement des systèmes de santé sur le continent il faut que les vaccins soient produits localement.
« La pandémie de Covid19 a montré le pouvoir de la science à produire des vaccins sûrs et efficaces en un temps record. Mais il faudra également souligner que le système actuel de production des vaccins, d’achat et de mis en service des vaccins est basé sur une inégalité d’accès due aux échecs du système de santé à mettre en place les produits nécessaires en temps utile aux personnes qui en ont besoin. Surmonter ces inégalités est essentiel en s’assurant que les vaccins dans l’avenir sont produits ici sur le continent africain en utilisant les technologies les plus modernes en appui aux aspirations de l’Union Africaine ».
Lutter contre la désinformation
Le Président Macky Sall, Président en exercice de l’Union africaine soutient quant à lui qu’il il est important de rappeler sans cesse la vérité sur la vaccination pour faire face à la désinformation et aux manipulations de tout genre.
« Nous l’avons vécu pendant la Covid19. Toutes ces campagnes de désinformation qui a finalement arrêté l’élan des populations vers la vaccination. Il faut arrêter le procès d’intention contre les vaccins et la vaccination. Quand on rejette le vaccin et la vaccination on doit aussi rejeter ou refusé de prendre les comprimés et les autres médicaments qui sont fabriqués selon les mêmes procédés scientifiques que les vaccins. Il faut dire haut et fort que la vaccination est un procédé médical sûr parce que de la conception à la première injection, le vaccin suit un protocole scientifique rigoureux qui ne laisse place à aucun hasard ».
Le Président Macky Sall appelle ses homologues à un engagement renouvelé dans la mise en œuvre des objectifs de la déclaration d’Addis. Il appelle également les acteurs nationaux, professionnels de la santé, guide religieux et traditionnels, société civile à jouer chacun son rôle pour sensibiliser et maintenir la vaccination au cœur de l’agenda familial.
« La vaccination sauve des vies, surtout celles des femmes et des enfants qui constituent des couches sociales vulnérables. La vaccination est efficace, elle évite la souffrance humaine, elle prévient certaines incapacités et contribue à donner aux enfants un système immunitaire robuste ».