L’accès à l’eau demeure un enjeu majeur dans plusieurs pays en Afrique. Pour les scientifiques, la répartition de cet accès est très inégale sur le continent. Certaines zones sont plus alarmantes que d’autres en raison de facteurs naturels (climatiques et géologiques) et économiques.
Selon Dr Abdallah Mahamat Nour géoscientifique et hydrologue à l’Université de N’Djamena au Tchad et membre du programme de l’Initiative africaine de recherche pour l’excellence scientifique, les points d’eau réalisés sont souvent partagés entre plusieurs villages, obligeant les habitants à parcourir de longues distances et à consacrer plusieurs heures de marche pour y accéder.
« Dans certaines régions, la population se serve de l’eau prélevée directement des puits à ciel ouvert ou dans les marres, sans aucun traitement. Dans ces zones, ce sont souvent les femmes et les filles qui sont chargées de la collecte de l’eau pour les usages domestiques, ce qui les oblige à parcourir de longues distances pour trouver de l’eau, entrainant ainsi des problèmes de santé et de sécurité ».
Dr Abdallah souligne également que la qualité de l’eau est également problématique dans certaines villes africaines, qui sont alimentées par des puits ou des forages individuels qui ne sont pas contrôlés et situés à proximité de latrines ou de puisards, ce qui augmente les risques de contamination de l’eau et de propagation de maladies hydriques.
« La situation de l’accès à l’eau en Afrique est très préoccupante et nécessite une attention urgente pour améliorer la qualité et la disponibilité de cette ressource vitale pour les populations locales. Quand on parle de l’accès à l’eau, c’est le fait pour un citoyen lambda d’avoir l’eau en quantité et en qualité en tout lieu et à tout moment. Les réels défis du continent sont la gestion du stress hydrique et la production de l’eau potable en quantité et en qualité ».
Eau et Changement climatique
« Les défis liés à l’accès à l’eau sont aggravés par les changements climatiques qui ont une incidence sur les ressources en eau surtout dans la région sahélienne. Ces impacts se manifestent soit par les inondations et des sècheresses » fait savoir Dr Abdallah.
Intervenant lors de l’Atelier des journalistes sur les enjeux de l’eau d’août 2022 à Dakar organisé par Africa21Dr Aïda Diongue-Niang, climatologue et auteur principal dans le groupe de travail du GIEC explique que le cycle de l’eau est altéré par le changement climatique. Elle précise que Les changements de précipitation et d’évaporation à l’échelle planétaire sont déterminés par le bilan énergétique de la Terre.
« Les contraintes des bilans énergétiques à l’échelle mondiale et des bilans d’humidité à l’échelle régionale entraînent une modification des caractéristiques clés du cycle de l’eau, telles que l’intensité, la durée et l’intermittence des précipitations ».
Selon l’OMS dans le monde, 2 milliards de personnes manquent d’eau potable et 3,6 milliards de personnes soit près de la moitié de la population mondiale utilisent des services d’assainissement qui laissent les déchets humains non traités.
Dr Abdallah estime qu’il est crucial de mettre en place une gestion durable des ressources en eau, afin de prévenir les conflits futurs et garantir l’accès à l’eau potable pour les populations. Au sujet des activités minières il fait savoir que ces activités impactent les eaux douces par l’utilisation d’eau pour le traitement du minerai et qu’il faut des textes règlementaires sur la conservation et la sauvegarde des zones humides et l’interdiction de l’exploitation minière dans ces zones.
Patrick KAHONDWA