Le paludisme représente l’une des plus graves menaces pour la santé à l’échelle mondiale, avec environ 247 millions de cas de paludisme et 619 000 décès liés à cette maladie dans le monde en 2021, quasiment tous en Afrique. Sur ce continent, le paludisme se classe parmi les principales causes de mortalité chez les jeunes enfants, avec un demi-million d’enfants de moins de cinq ans perdant la vie chaque année.
Les premiers symptômes du paludisme, tels que maux de tête, fièvre et frissons, peuvent être légers ou confondus avec d’autres maladies, ce qui entraîne souvent un diagnostic tardif. Bien que certaines personnes récupèrent sans traitement, la maladie peut être mortelle. Non traitée, elle peut provoquer une forme grave ou le décès en moins de 24 heures.
Le parcours pour développer un vaccin contre le paludisme a été long, s’étalant sur environ 30 ans, et ardu, en raison de la complexité de cibler un parasite ayant un cycle de vie à plusieurs étapes.
Qu’est-ce que le vaccin antipaludique RTS,S ?
Le vaccin antipaludique RTS,S, également connu sous le nom de Mosquirix, a été élaboré par GlaxoSmithKline (GSK) en collaboration avec l’Initiative pour un vaccin antipaludique de PATH. Il vise à cibler le parasite Plasmodium falciparum, responsable du paludisme et transmis par les moustiques du genre Anopheles.
Comment fonctionne-t-il ?
Le parasite du paludisme traverse plusieurs étapes au cours de son cycle de vie. Le vaccin cible les sporozoïtes, qui représentent le stade infectieux du parasite. Lorsqu’une personne est vaccinée, son système immunitaire est stimulé pour produire des anticorps dirigés contre la protéine circumsporozoïte, présente à la surface des sporozoïtes. Si une personne vaccinée est ultérieurement piquée par un moustique infecté par le paludisme, les anticorps peuvent neutraliser les sporozoïtes dans la circulation sanguine, empêchant ainsi le parasite de déclencher une infection.
Le vaccin RTS,S a fait l’objet d’essais cliniques rigoureux, démontrant sa sûreté et son efficacité chez les enfants, y compris ceux atteints du VIH et souffrant de malnutrition. Les vaccins antipaludiques R21 (voir la dernière question pour plus de détails sur ce vaccin) et RTS,S préviennent environ 75 % des épisodes de paludisme lorsqu’ils sont administrés de manière saisonnière dans des zones de transmission fortement saisonnière, particulièrement là où une chimioprévention antipaludique est mise en place.
Le Programme de Mise en Œuvre du Vaccin Antipaludique (MVIP), coordonné par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et financé par Gavi, le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, ainsi que par Unitaid, a été élaboré pour évaluer l’utilisation du vaccin RTS,S dans le cadre de la santé publique au Ghana, au Kenya et au Malawi. Depuis 2019, près de 2 millions d’enfants à risque ont bénéficié du vaccin antipaludique dans ces trois pays. La mise en œuvre du vaccin antipaludique RTS,S a entraîné une baisse significative des hospitalisations pour paludisme grave et une diminution importante des décès d’enfants. Une réduction de 13 % de la mortalité toutes causes confondues (c’est-à-dire pas seulement due au paludisme) a été observée grâce à l’utilisation du vaccin.
Doit-on continuer à utiliser des moustiquaires et la pulvérisation d’insecticide en intérieur ?
Oui. En tant que mesure indépendante, le vaccin est conçu comme un outil complémentaire aux autres méthodes éprouvées et efficaces de prévention et de contrôle du paludisme. Une étude portant sur l’effet de l’association du vaccin RTS,S avec la distribution de moustiquaires a démontré que cette combinaison était efficace à hauteur de 71 % contre le paludisme clinique au cours des premiers 18 mois et de 65 % au cours des seconds 18 mois.
Qui peut recevoir le vaccin ?
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande que le vaccin soit administré aux enfants vivant dans des zones où le paludisme est endémique, en accordant la priorité aux zones de transmission modérée et élevée.
L’OMS recommande que le RTS,S soit administré aux enfants à partir de l’âge de cinq mois, selon un schéma de quatre doses (les programmes de vaccination peuvent choisir de donner la première dose à un âge légèrement plus tardif ou plus précoce en fonction des considérations opérationnelles). Si les enfants se trouvent dans une zone à haut risque, l’OMS indique qu’ils peuvent recevoir une cinquième dose un an après leur quatrième dose.
Comment s’organise le déploiement du vaccin ?
Suite à la recommandation de l’OMS pour le vaccin RTS,S contre le paludisme fin 2021, le conseil d’administration de Gavi a approuvé un nouveau programme en décembre 2021 afin de soutenir l’introduction des vaccins antipaludiques dans les pays éligibles d’Afrique subsaharienne.
En juillet 2023, 18 millions de doses de RTS,S, disponibles pour la période 2023-2025, ont été allouées à 12 pays, en accordant la priorité à ces doses dans les zones présentant le plus grand besoin, là où le risque de maladie et de décès dus au paludisme chez les enfants est le plus élevé, jusqu’à ce que l’approvisionnement en vaccins soit suffisant pour répondre pleinement à la demande. À mesure que l’approvisionnement augmente, les pays étendront l’introduction pour répondre pleinement aux besoins de santé publique.
En novembre 2023, le premier envoi de 331 200 doses du vaccin RTS,S est arrivé au Cameroun. La demande pour les vaccins antipaludiques est significative : rien qu’en 2024, 20 pays d’Afrique prévoient d’introduire le vaccin antipaludique dans leurs programmes de vaccination infantile et dans le cadre de leurs stratégies nationales de lutte contre le paludisme. Chaque année, au moins 40 à 60 millions de doses de vaccin antipaludique seront nécessaires d’ici 2026, avec une augmentation à 80 à 100 millions de doses chaque année d’ici 2030.
En préparation à la vaccination à grande échelle, Gavi, l’OMS, l’UNICEF et des partenaires collaborent avec les pays qui ont manifesté leur intérêt et/ou ont confirmé des plans de déploiement sur les prochaines étapes.
Qu’est-ce que le vaccin antipaludique R21 ?
Le vaccin R21 est le deuxième vaccin antipaludique recommandé par l’OMS, qui a approuvé ou “préqualifié” son utilisation en décembre 2023. Il agit de manière similaire au vaccin RTS,S en ciblant le sporozoïte du parasite responsable du paludisme.
Dans les zones où la transmission du paludisme est fortement saisonnière (limitée à quatre à cinq mois par an), le vaccin R21 a réduit les cas de paludisme de 75 %. Selon l’OMS, “cette efficacité élevée est comparable à celle démontrée lorsque le RTS,S est administré de manière saisonnière.”
Le fait qu’il existe désormais deux vaccins efficaces devrait contribuer de manière significative aux progrès en vue de l’élimination du paludisme. L’OMS précise : “à ce jour, aucune preuve n’indique qu’un vaccin soit plus performant que l’autre. Le choix du produit à utiliser dans un pays devrait se baser sur les caractéristiques programmatiques, la disponibilité des vaccins et leur accessibilité financière.”
Par Gavi/vaccineswork
https://www.gavi.org/fr/vaccineswork/tout-savoir-vaccin-paludisme