La ville de Kinshasa en République démocratique du Congo est confrontée à un risque croissant d’inondations meurtrières, avertissent les scientifiques. Après les fortes pluies qui ont frappé la capitale congolaise le 4 et le 5 avril 2025 causant une trentaine des morts, les experts du World Weather Attribution expliquent dans leur étude( https://www.worldweatherattribution.org/high-vulnerability-and-exposure-main-driver-behind-kinshasas-deadly-floods-following-heavy-but-not-unusual-rainfall/) que le risque d’inondation est amplifié par la croissance démographique rapide, la couverture limitée des infrastructures et la forte dépendance aux systèmes informels, en particulier dans les zones où les services essentiels tels que le drainage, les soins de santé et l’électricité restent irréguliers ou difficiles d’accès.
Cette étude révèle que des pluies diluviennes similaires sont attendues tous les deux ans dans la région et qu’elles pourraient s’intensifier avec le réchauffement dû aux combustibles fossiles. Cette étude n’a toutefois pas pu quantifier l’influence du changement climatique sur les récentes pluies diluviennes suite à l’incertitude des données, due en partie à l’insuffisance des investissements dans la surveillance météorologique et la science du climat en Afrique.
« L’Afrique a besoin de plus d’études d’attribution. Nous devons comprendre comment nos pays sont touchés par le changement climatique et nous préparer pour l’avenir. Malheureusement, les ensembles de données mondiales sur lesquels nous nous appuyons sont souvent peu performants en Afrique, ce qui rend difficile la quantification précise de la façon dont le changement climatique augmente les pluies diluviennes extrêmes, comme celles qui se sont abattues récemment sur Kinshasa » a déclaré Dr Joyce Kimutai, chercheur au Centre for Environmental Policy, du collège impérial de Londres.
Selon les chercheurs, il est nécessaire d’investir dans la science du climat et dans les stations météorologiques en Afrique pour aider les pays à comprendre l’évolution des phénomènes extrêmes et à se préparer à l’avenir.
Pour évaluer si de tels événements de fortes pluies auraient été plus ou moins fréquents dans le passé, les experts ont évalué trois produits de données maillées, ainsi que deux stations météorologiques situées à Kinshasa. Les trois ensembles de données maillées montrent des tendances très différentes, dont l’un suggère que le changement climatique a rendu l’événement beaucoup plus probable, tandis que deux ne montrent aucun changement.
« Les données provenant de deux stations météorologiques montrent que les précipitations sont devenues jusqu’à 19 % plus intenses depuis 1960. Mais ces données ne sont pas la preuve irréfutable que notre étude recherchait. En raison de la grande incertitude qui entoure les données météorologiques satellitaires mondiales et les résultats des modèles climatiques, nous n’avons pas pu effectuer une analyse d’attribution complète pour déterminer le rôle du changement climatique ». Fait savoir Dieudonné Nsadisa Faka, chef d’équipe du programme de services climatiques intra-ACP de l’Organisation des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique
« Cet échec met en lumière un problème plus profond : la science du climat a longtemps été négligée dans une grande partie de l’Afrique, en particulier la région de la forêt tropicale d’Afrique centrale. Il est nécessaire d’investir davantage dans la science du climat et les observations météorologiques pour aider les pays à comprendre et à se préparer à l’évolution des phénomènes météorologiques extrêmes » poursuit Dieudonné
Face à la vétusté des lois du pays régissant l’Urbanisme, le ministre de l’Urbanisme et Habitat, Crispin Mbadu Panzu, a déclaré à l’ouverture en juillet 2024 le l’atelier national de validation de l’avant-projet de loi portant code d’urbanisme et de construction de la RDC, que cette loi devra servir de cadre légal de référence pour la planification urbaine ainsi que la gestion des milieux urbains.
Bien que des progrès soient réalisés, avec l’élaboration d’une nouvelle loi sur le code de l’urbanisme et de la construction de la RDC, les scientifiques pensent que des efforts plus globaux sont nécessaires pour réduire les impacts des inondations très dévastatrices, mais courantes.
Patrick Kahondwa